L'Unité de recherche est née d'une étroite collaboration entre l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon et le séminaire de Bernhard Rüdiger et le Centre d’Histoire et Théorie des Arts de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris (CEHTA / EHESS) dirigé par le théoricien et historien de l’art Giovanni Careri.
Une première étape de la recherche autour de la question éthique de ce que serait une « image juste » du réel a été publiée sous leur direction chez Archibooks à Paris en 2008 : Face au réel : Éthique de la forme dans l’art contemporain.
Le colloque L’histoire mise en forme par le travail de l’art, qui s’est tenu à l’Ensba Lyon en 2009 a défini les axes de réflexion de la nouvelle unité de recherche qui a été constituée autour de la problématique des temporalités de l’histoire et l'étude des relations entre certaines productions de l’art actuel et les « régimes d’historicité » qu’il mobilise.
En novembre 2011, ACTH a réalisé une première expérience de mise en forme de ses réflexions à l’occasion de l’exposition expérimentale Le temps suspendu. Avec des œuvres des artistes de l’unité, ainsi que « Diorama » de Candice Breitz, « Lunch Break » de Sharon Lockhart, « Wavelength » de Michael Snow et une reproduction de la planche sur le 11 septembre de l’Atlas de Gerhard Richter, et un certain nombre de données, ou de liens, à l’aide de divers documents, visuels et textuels, organisés sous la forme de « tables de matière » ou plutôt de planches d’atlas comme celles qui ont été élaborées par Aby Warburg.
Une réflexion sur l'histoire et les stratégies artistiques autour du réalisme traumatique, l'opposition organique-machinique et la notion de temps hors de l'histoire, ou temps de l'histoire naturelle ont nourri le colloque organisé en décembre 2014 à l’Institut National d’Histoire de l’art à Paris, « Le temps suspendu; Art contemporain et temps “hors de l’histoire” ». Les invités ont contribué à questionner les formes d’art qui, par leurs propres moyens, élaborent la remise en question d’une conception progressive et linéaire du temps historique, aussi bien que du principe de causalité historiciste auquel se sont attachés les grands tournants de l’épistémologie de l’histoire au XXe siècle.
La collaboration entre l'Ensba et l'EHESS sous la direction de Bernhard Rüdiger et Giovanni Careri, s'est conclue avec l'édition publiée au mois de novembre 2016 Le temps suspendu, aux Presses Universitaires de Lyon (PUL). Ce livre, organisé selon des tables en forme d'Atlas — outil visuel qui permet de dégager une discussion d’ordre théorique —, reproduit les dialogues intensifs et les recherches singulières des artistes et des théoricien·nes de l’unité de recherche autour du problème de la suspension de l’expérience.