Du 20-06-2023 au 23-06-2023
Summer School Ensba Lyon - emlyon business school
Quatre jours de rencontres, de discussions, de débats et d’ateliers autour des transformations récentes – et à venir – du marché de l’art de contemporain.
Conçu sous la forme d’une première collaboration entre l’École Nationale Supérieure des Beaux-arts de Lyon et l’emlyon Business School, ce programme réunit huit invité·es : deux artistes, un galeriste, une directrice de foire, une conservatrice d’une collection privée, un collectionneur, et une philosophe politique spécialiste du « web 3 » pour discuter des enjeux actuels et futurs de l’art contemporain et de son marché.
L’ambition du programme est de faire connaitre, comprendre et ressentir aux étudiant·es la fabrique du marché de l’art contemporain, un univers social et professionnel singulier qui est autant un sujet de fantasmes que de préjugés, qui nourrit nombre d’interrogations et parfois d’incompréhensions et rencontre autant de défenseur·es que de détracteurs/détractrices.
En effet, les relations de l’art avec le marché sont marquées par une ambivalence fondamentale : l’expansion considérable du marché de l’art depuis les années 1990 a été accompagnée au sein du monde de l’art par des positions de plus en plus critiques, virulentes à son encontre, pointant les effets dévastateurs du marché sur l’art lui-même.
Corrompu par l’argent, obsédé par le succès commercial, la culture de la célébrité, se rapprochant dangereusement d’une industrie du luxe, l’art contemporain est parfois considéré comme, paradoxalement, « en crise », car sur le point de disparaitre en tant qu’art, ou art d’avant-garde (pour reprendre une expression devenue presque désuète). L’art serait ainsi du côté du « bon » tandis que le marché, et ses formes d’emprises néfastes, du côté du « mal », et il s’agirait de protéger le premier du second, à tout prix.
La réalité, cependant, est plus compliquée que ce que suggère cette rhétorique polarisante. Plutôt qu’être antithétiques, l’art et le marché sont fondamentalement liés l'un à l'autre par une interdépendance complexe et épineuse : l’un ne peut se passer de l'autre, mais ils ne coïncident jamais complètement. On ne peut contester que les forces du marché, au sein du capitalisme globalisé, exercent un pouvoir croissant sur l’art. Les artistes sont tributaires des exigences du marché, et leurs œuvres en sont à différents égards imprégnées (leur style, leur taille, le nombre d’éditions, etc., répondent consciemment ou inconsciemment à l’état du marché par exemple). Mais les artistes et leurs œuvres peuvent aussi insister sur leur autonomie par rapport à celui-ci, en refusant de se soumettre entièrement aux considérations économiques, en les contrariant, les subvertissant. Souvent, ces écarts ou ces formes de résistance vis-à-vis du marché tout puissant, et ainsi la dimension critique de l’art, au contraire de disconvenir aux acteurs et aux actrices du marché finissent par les séduire, gagner une valeur symbolique et commerciale, et participer alors, pleinement, à la dynamique de renouvellement du marché de l’art contemporain.
Enfin, les modèles nouveaux, alternatifs, au marché de l’art traditionnel, dit « brick and mortar » s’inventent, et pas seulement dans ses marges : on a ainsi vu le Centre Pompidou, Musée National d’Art Moderne inaugurer cette année sa première exposition de sa collection de NFT.
Ainsi ces quatre journées de discussions de rencontre et de travail intitulées Les futurs écosystèmes de l’art contemporain et de son marché, chercheront à offrir une vision détaillée et actualisée des enchevêtrements constitutifs de l’art dans ses circonstances économiques.
Programme :
· Mardi 20 juin : Martin Lahitete, directeur de la nouvelle galerie Cibrian à San Sebastian, Silvia Ammon, directrice de la Foire Paris Internationale, Julika Bosch, directrice artistique de la Philara Collection à Düsseldorf et Michel Jolivet, collectionneur, parleront depuis leurs positions respectives du marché de l’art dit « brick and mortar ».
· Mercredi 21 juin : Pierre Allain, jeune artiste, proposera un workshop à caractère spéculatif autour des lieux de l’art contemporain de demain.
· Jeudi 22 juin : Aude Launay, philosophe politique spécialiste des DAO, de la blockchain, des NFT, et du « web 3 » et Victor Vaysse, artiste, membres de ebb. laboratoire-atelier initié par Neil Beloufa. Aude Launay et Victor Vaysse parleront des transformations, encore relativement souterraines, des pratiques et de l’économie de l’art au sein du « web 3 », de leurs inspirations et ambitions politiques, de la philosophie des communs et des nouveaux modèles redistributifs qui dessinent une alternative concrète au marché de l’art « brick and mortar », sinon dématérialisée du moins décentralisée.
· Vendredi 23 juin : Julien Deseigne, chercheur sur les transformations de l’économie par le digital, et enseignant à l’EM, proposera un workshop sur les NFT la blockchain et les DAO dans l’art et l’économie contemporaine plus généralement. Il sera accompagné de David-Olivier Lartigaud, enseignant à l’ENSBA où il dirige le labo NRV, en « débatteur ».
Les futurs écosystèmes de l’art contemporain et de son marché est une proposition de Catou Faust (EM Lyon), Thomas Boutoux et Nick Oberthaler (ENSBA Lyon).
Les futurs écosystèmes de l’art contemporain et de son marché
Les 20, 21, 22, 23 juin 2023
À l’Ensba Lyon et l’emlyon business school
Réservé aux étudiantes et étudiants de l’Ensba Lyon et l’emlyon business school.