Après ses premiers pas rassemblés dans la publication Face au Réel, le groupe de recherche s’est constitué autour de l’intitulé Art Contemporain et Temps de l’Histoire. La réflexion entreprise depuis le réel et sa possibilité au sein d’une pratique souvent orientée sur l’auto-réflexivité nous a conduit à considérer les inévitables différentiels temporels qui la traverse. Pour ce faire, l’outil le plus pratique et le plus simple a été celui de considérer une question de la suspension du temps, à la fois depuis la perspective plastique de l’œuvre (ainsi la gageure de peindre une vague sur le point de déferler pour Courbet) ou depuis les constats de suspension liés au trauma que rencontre l’enquête analytique freudienne sur les données de l’inconscient (tels qu’ils pourraient par exemple être lus dans l’écho que donne Gerhard Richter à la catastrophe du 9-11 au cours de l’élaboration de son atlas).
Ces questions ont d’abord été interrogées tout au long d’une suite variée de riches séminaires ; des questions de la place du spectateur et du retour de la photographies soulevées par Michael Fried aux reconstitutions minutieuses de Moser et Schwinger, de la considération méticuleuse que nous offre Ralph Ubl du travail des conséquences traumatiques de la première guerre mondiale (dont les séquelles permettent justement de créer le terme de trauma) chez Dada et le Surréalisme en général, et chez Max Ernst en particulier aux interrogations concrètes que posent aujourd’hui les œuvres d’Alfredo Pirri.
La réflexion s’est poursuivie au long de moments plus intenses et diversifiés à l’occasion de différents colloques qui reprennent et ré-orientent les problématiques. Après une série de réélaborations collectives qui ont cherché à mettre en pratique les questions d’articulations et d’orientations que permet la technique de l’atlas, réélaborations qui se sont traduites par deux moments à même de se servir de l’exposition comme outil de travail, l’ensemble de ces recherches a abouti à la publication collective Le temps suspendu. La majorité de nos considérations s’y cristallise et y prend forme, nous donnant ainsi en retour le sédiment du travail effectué et l’outil de nos réflexions rassemblées et ordonnées de façon à tenter de les rendre parlantes.