Post-Performance Future
De la relecture historique de la performance à son re-enactement puis sa dématérialisation
Ce programme de recherche se donne pour objectif de poser les jalons d'une nouvelle pensée, pratique, « inchoactive ». Il s'agit d'envisager ce que la « performativité » et sa critique fabriquent, ses formes et ses tensions. L'objet de la performance ? La performance en tant qu'objet. Qu'en est-il au premier quart du XXIe siècle ? « Le mythe de la co-présence, de l'être ensemble », résiste-t-il à la puissance de l'écran, au confort de la fascination passive ? Quel héritage de cette modernité à l'âge du capteur sensoriel, comment briser le 4e mur lorsque nous constatons que nous sommes l'écran nous-mêmes ? »
La critique n'a fait qu'interpréter la performance, il s'agit de la transformer, et de penser son devenir dans la « performativité » des choses comme l'exprime Jennifer Lacey.
À partir d'un constat sur l'émergence de pratiques issues des expériences du XXe siècle, d'un art du corps, de l'éphémère et de la « co-présence », à partir d'expositions clefs et de discussions avec des artistes tels Dora Garcia, Julien Bismuth, Jean-Pascal Flavien, Paul McCarthy, il s'agit, par le biais de figures et textes fondateurs, de mettre en perspective et prospective cette problématique.
Pour paraphraser Borgès, « Que vaudrait la théorie si elle ne servait aussi à inventer la pratique ? » Pris au sens d'un projet inachevé, celui de la modernité, la post-performance questionne l'âge du « post médium » en ce début de XXIe siècle, entre succession chronologique, postérité ou filiation historique, réemploi (de formes abstraites de leurs contenus) et rupture (comme changement de paradigme ou d'époque).
Apparue à la croisée de la philosophie analytique anglo-saxonne du langage et des champs de l'art et du spectacle, liée à des pratiques de langage, à des actions et à une rupture par rapport à un certain mode de représentation opérée au milieu des années 1950, la notion de performance est polysémique. Il s'agit de questionner ce nom, ce qu'il recouvre, et l'évolution de pratiques liées à son usage. Comment cet art de la performance évolue-t-il et comment évoluera-t-il dans les prochaines années, notamment avec les technologies numériques ? En quoi sommes- nous passés de sa dématérialisation à son « re- enactment » ? Que se joue-t-il ici ? Nous sommes amenés également à aborder les problématiques liées à la trace de la performance, comme l'archivage (oral et vivant), le document, le film, l'objet scénique ou encore la photographie numérique.
Par ailleurs, la question du public comme forme, de l'audience à la fois destinataire et partie prenante (public captif) permettra de questionner une société du spectacle à l'heure du « spectateur émancipé ».
Dans le cadre de l'exposition de Romain Gandolphe : D'autres états me font rêver, BF15 Lyon, décembre 2017.