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Du 20-10-2015 au 23-10-2015

Workshop avec Xavier Boussiron et Sophie Perez

 
 
 
 
 

Black Montaigne & Schöne Connerie
Xavier Boussiron et Sophie Perez

"Moi, c'est Xavier Boussiron.
En terme de pédagogie, j'ai pour habitude de me fier à mes deux adages favoris :
Le premier c'est : « L'art est un des très rares endroits de la vie où l'on peut faire une chose d'abord, et réfléchir après » ; ce qui signifie que si l'on invente des causes on invente aussi des conséquences.
Le second c'est : « Démerde-toi tout seul, je suis là pour t'aider » ; ce qui veut peut-être dire que la maitrise est un bénéfice du hasard, et aussi que l'ouverture (au sens le plus large du terme et sous toutes ses
coutures) reste le défi fondamental.
Les choses n'ont pas de sens a priori, mais elles finissent par en prendre.
Je dis souvent, pour faire rager mes confrères, que l'on n'est pas artiste en permanence mais tout au plus 3
ou 4 fois par an. Entre le coup de bol et la bénédiction. Et pour cela il faut de la discipline.
Ou plus précisément, il faut s'inventer sa propre discipline.
Faire juste de l'art contemporain, c'est à la portée de n'importe qui.
Mais faire que l'art apparaisse, c'est une toute autre affaire.
En ce qui me concerne, mes préoccupations et mes activités sont issues du conditionnement des Beaux-arts ; mais par déclinaison et prise de positions qu'on dira « critique », elles ont dérivé vers des contrées touchant à la musique et au spectacle.
Personnellement, je dirais, pour faire vite, que c'est la musique le point d'entrée principal qui m'a permis l'accès à tout le reste.
Sachant que la collaboration a toujours été une manière importante de faire des choses. Des collaborations avec des gens aussi variés qu'Arnaud Labelle-Rojoux, Stéphane Bérard, Nathalie Quintane, Dominique
Gonzalez-Foerster, Mike Kelley.
J'ai conçu des expositions, un livre, et j'ai réalisé et auto-produit une dizaine de disques dont le dernier en date est une adaptation du Mikrokosmos de Belà Bartòk interprété au clavecin et à la guitare électrique.
Vous pourrez entendre ça et le reste en allant sur la borne d'écoute Bandcamp.com (tapez Xavier Boussiron).
Parmi ces collaborations, celle avec Sophie (Perez) dure depuis une grosse quinzaine d'années. En 1997, Sophie a fondé la Compagnie du Zerep pour pouvoir produire ses propres spectacles. Nous nous sommes
rencontré à cette époque. Elle m'avait alors engagé pour composer la musique de sa première pièce. Au fil des créations suivantes, via les échanges d'idées et les conversations, nous finirons par concevoir les spectacles ensemble.
Ces spectacles sont des spectacles de théâtres. Désolé si ce terme file la nausée à la plupart d'entre vous.
Moi-même, à l'origine, je me bouchais le nez rien qu'à entendre le mot « théâtre ».
Mais les spectacles du Zerep sont très particuliers, et même complètement originaux. J'oserais même dire, en toute modestie, que c'est ce qui se fait de mieux sur le marché du spectacle français.
Une des particularités essentielles de nos spectacles, c'est qu'ils sont du théâtre pour ceux qui n'aiment pas le théâtre, ou pour ceux qui n'avaient pas prévu de l'aimer.
Eric Mangion, lorsqu'il nous a invité à présenter l'énorme installation intitulée
« Xanadoudou » (qui rassemblait tous nos décors de scène en un seul lieu) lors du Printemps de septembre en 2010, disait cela : « Ce sera avec Le coup du cric andalou, en 2004, que Perez et Boussiron co-signeront ouvertement les pièces jusqu'à aujourd'hui, dans une optique qui, depuis les débuts, mène un théâtre décomplexé et délibérément affranchi de la moindre hiérarchie. Toutes les strates culturelles se croisent et se décroisent. Le texte, les acteurs et les objets de scène ne constituent qu'un tout protéiforme. Le mouvement est permanent, souvent à la limite de la représentation, comme pour en éprouver les codes. »
Ça donne déjà une idée de l'affaire.
Nous ne faisons pas un théâtre littéraire (excepté l'unique projet où nous avons adapté le Lorenzaccio de
d'Alfred de Musset, et qui s'intitulait « Laisse les gondoles à Venise »). A la base nous nous chargeons de l'ensemble de la conception et de la réalisation des pièces — tant les textes, les décors, les costumes, la
musique, etc… Les sujets abordés jusqu'ici ont été très variés : le cabaret et le music-hall, la vulgarisation de la psychanalyse, Louise Bourgeois et la poterie, Witold Gombrowicz et Francis Picabia, la conquête de l'ouest, Barnum, et dernièrement le biopic dans une pièce simplement titrée
« Biopigs ».
Prenez le temps de jeter un oeil sur le blog de la compagnie : cieduzerep. Vous comprendrez de quoi il retourne.
Voilà pour ce qui est des présentations rapides.

Pour conclure ce topo, j'en arrive à la proposition un peu concrète concernant les modalité du worshop.
Le principe de base sera d'envisager les pratiques de chacun quelles qu'elles soient (en prenant en compte les médiums, les orientations esthétiques, les envies ou les idées pas encore complètement définies, etc…) pour les expérimenter et les convertir dans un contexte plus performatif.
Il est très important que vous sachiez que tous types de travail et d'exécutions techniques sont absolument
bienvenus. C'est même fondamental pour la mise en place finale des choses.
Au terme des quatre jours de workshop, nous présenterons un truc en public le vendredi.

Pour gagner en efficacité, ce serait bien que vous puissiez nous présenter votre
boulot dans des conditions de monstration précise, et en accord avec ce vous considérez être ce que mérite la bonne compréhension de ce que vous fabriquez.
Il faut que nous puissions voir de la FORME. (Le discours, on s'en occupera plus tard).

Voilà. Si vous avez des envies de choses que vous n'avez jamais osé faire, ou que vous vous êtes senti empêché de faire dans le contexte de l'école, là ce sera l'occasion de vous en donner à coeur-joie !
A l'origine, pour présenter ce workshop, j'avais écris ça :
Salut à toi l'étudiante, salut à toi l'étudiant !
Tu ne connais pas grand-chose mais les délicatesses de l'art te font une drôle d'impression ?
Tu cherches à t'occuper mais tu crains de gagner ta vie ?
Tu te sens original mais tu vois que tes rares copains sont comme toi ?
Tu sens qu'il n'y a pas d'idée sans envie ?
Tu crois, en secret, au feeling, mais tu es pris, malgré toi, par la maladie interprétative ?
Tu voudrais apprendre quelque chose mais tu as honte de ne pas le comprendre du premier coup ?
Tu as envie de lumière et de rire, mais comment et pourquoi s'en servir ?
Tu te demandes ce que signifie « chercher du boulot » ?
Tout cela est parfait.
La formation d'un artiste, comme celle d'un acteur, ne doit pas se contenter d'enseigner la meilleure manière de « correspondre » aux canons en vogue ou de se comporter sur scène : il faut aussi savoir interpréter les expériences vécues. Il n'y a pas une seule bonne façon d'exprimer la tristesse ou la joie : comme dans la vie, les choses sont complexes, voire confuses. Sachant que l'une des innovations les plus importantes de la création contemporaine consiste précisément à intensifier la participation « physique », quels moyens peut-on mettre en oeuvre pour intensifier la puissance dramatique (l'angoisse, l'émotion, le documentaire, etc…) ?
En considérant que vous soyez une « exposition » ambulante, c'est le moment de la rétrospective, et aussi, de voir les choses en grand (et de montrer que vous êtes un artiste complet, plein de feeling…)

Alors bienvenue au workshop de Sophie Perez et Xavier Boussiron.
Bienvenue à Black Montaigne & Schöne Connerie
Merci à toutes et tous.

On se voit la semaine prochaine. Je pense qu'on devrait bien se marrer."
Xavier Boussiron