Workshop avec Jean-Michel Espitallier

Fame !

Une proposition de Jean-Michel Espitallier

"En moins d'un siècle, la célébrité est devenue la valeur suprême de notre société, lieu de toutes les dévotions ou objectif coûte que coûte. Elle est désormais une qualité, une vertu, un privilège auréolé d'une puissance d'autant plus mystérieuse qu'elle est surexposée. Les médias de masse apparaissent comme son meilleur allié, la vie politique n'est plus rien si elle n'est pipolisée, une nouvelle mythologie, nourrie des vieux mythes, se constitue avec rituels, territoires magiques et bien sûr dieux ou démons. En contrepartie, l'anonymat s'est mis à ressembler à une tare et sonne comme une excommunication. On a beau vouloir résister, expliquer ce phénomène récent par les outils de la sociologie, de l'histoire, de la culture, de la raison, rien n'y fait, nous sommes tous happés par cette grande vague de rêve et de paillettes : fans, supporters, admirateurs transis, candidats à n'importe quoi, témoins de ce que vous voudrez, prêts à tout pour s'attirer les faveurs de nos idoles, percer leurs secrets ou vivre les fameuses quinze minutes de célébrités. Faut-il donc désormais être reproduit pour être crédible ? Visible pour être vivant ? Pourquoi avons-nous confié nos rêves à des idoles ? Et pourquoi ce nouveau type d'aliénation nous rend-il apparemment si fort ? Comment ça marche ? Pourquoi ça marche ? Comment ça nous fait marcher ? De quelle nature est cette dévotion qui tient parfois du sentiment amoureux ?

A partir de ces commencements de réflexions (lesquelles n'empêchent nullement de les poursuivre et de les nourrir – au besoin dans la contradiction), je propose de travailler sur (ou à partir de) ce vaste territoire. Expérience personnelle, hommage, position critique, exploration anthropologique, sociologique ou politique du phénomène, à chacun de trouver son angle, sa cible, son parti pris. Pour ce faire, nous disposerons d'outils qui s'appellent la parodie, le pastiche, le détournement, le collage, le ready-made, l'énumération, le récit, le fragment, etc.

Au cours de la première matinée, je présenterai mon travail et ma position d'écrivain au cours d'une discussion ouverte et proposerai également une courte traversée de la poésie contemporaine notamment dans ses innovations formelles."

Poète inclassable, Jean-Michel Espitallier (né le 4 octobre 1957) joue sur plusieurs claviers et selon des modes opératoires constamment renouvelés. Listes, détournements, boucles rythmiques, répétitions, proses désaxées, faux théorèmes, propositions logico-absurdes, sophismes tordent le cou à la notion si galvaudée de poésie en inventant des formes neuves pour continuer de faire jouer tout le bizarre de la langue et d'en éprouver les limites. Entre rire jaune, tension comique, absurde et dérision, la poésie de Jean-Michel Espitallier, proche en cela de l'art contemporain, use de la plus radicale fantaisie pour coller un faux-nez au tragique et à l'esprit de sérieux mais aussi pour faire voler en éclat et problématiser encore davantage, la notion de genre et de frontières esthétiques (donc éthiques…). Il écrit des livres, joue de la batterie, invente des objets sonores et touche à tout ce qui le touche.

Derniers livres parus
De la célébrité : théorie & pratique, Éditions 10/18, 2012.
L'invention de la course à pied, Al Dante, 2013.
Un rivet à Tanger, CIPM, 2013.
Salle des machines, Flammarion, 2015.

Dernières créations
Overflow (texte & voix : Jérôme Game / batterie & son, Jean-Michel Espitallier), Montevideo, Marseille, 2011.
Lonely People (pièce sonore sur une vidéo originale de Yumi Sonoda), Fukuoka, 2012. Overlook's Poems (installation), La Couleuvre, Saint-Ouen, 2013. Autobiographie (extrait), performance-installation, Fondation Louis-Vuitton, Paris, octobre 2014.