Séminaire de Laura Huertas Millán

En 2012, Laura Huertas Millán a commencé une série de fictions ethnographiques en développant les possibilités de double lecture. Considérant d’une part l’ethnographie, comme un ensemble de racines narratives dans le colonialisme, on pourrait les voir comme des fictions. Mais les pratiques d’ethnographie contemporaine les plus intéressantes prennent un tournant vers une lecture de dé-colonisation, en intégrant les outils du langage fictionnel dans leur élaboration. C’est en explorant cette dichotomie que Laura Huertas Millán réalise Sol Negro (2016), La Libertad (2017), Jeny303 (2018) et The Labyrinth (2018). 

Ces films ont été réalisés pendant la validation de son PHD (programme SACRe) entre les Beaux-Arts de Paris et le Sensory Ethnography Lab (Université d’Harvard). 

A l'occasion de cette invitation sera organisée une projection spéciale au Cinéma Opéra (6 rue Joseph Serlin, à côté de la place des Terreaux) le lundi 9 décembre 2019, 20h30 en partenariat avec le collectif Météorites et en présence de l'artiste.
Tarif à 3,50€ pour les étudiants de l'Ensba sur présentation de la carte d'étudiant.

L’unité de recherche ACTH (Art Contemporain et Temps de l’Histoire) développe depuis 2016 un nouveau champ de recherche À l'endroit du lieu. Les travaux précédents sur Le temps suspendu nous ont amené à réinterroger l'articulation entre langage, forme et intuition à partir de la notion de réversibilité introduite par Freud dans son modèle temporel de l'expérience et de la mémoire. C'est l'intérêt porté à ce renversement de l'ordre entre excitation et production de langages qui a été en 2017 à l'origine des invitations des artistes Matt Mullican (organisé avec le post-diplôme), de Louidgi Beltrame, ainsi que du philosophe Pietro Montani puis du critique d'art Jan Verwoert. Ces premiers séminaires ont ouvert sur une réflexion plus vaste autour de la notion d'invention discutée avec l'activiste et philosophe Federico Campagna en mai 2018. Campagna nous a présenté son dernier livre Technic and Magic, The reconstruction of reality, proposant de réinterroger la condition historique et de repenser — de ré-inventer — le prérequis métaphysique. 

Le dernier séminaire avec l'historienne du cinéma Anne-Violaine Houcke a été un moment de travail important pour les chercheurs de l'unité de recherche ACTH. Anne-Violaine Houcke a prolongé la réflexion sur la notion d'invention et a permis à la recherche de renouer avec les intérêts autour de la condition historique et de sa mise en forme par le "documentaire" dans l'art contemporain. Ce séminaire a permis de repenser l'importance du lieu de l'œuvre et du lieu à l'œuvre. Le terme invention, dans le sens utilisé par les archéologues implique une pensée qui réinvente les liens au temps par la stratification. En utilisant le concept de Lucy Lippard Overlay, les chercheurs de l'unité ont mis en place une série d'expositions expérimentales au Museo archeologico di Castellina in Chianti en juillet et au Réfectoire des Nonnes avec les trois volets de l'exposition Inventer le lieu à son endroit !