Laure Gauthier - poète poliphonique

Cette journée d'études de la Station d'arts poétiques (programme d'enseignement et de création vers l'écriture en arts poétiques) aborde quelques points saillants de l’œuvre poétique de Laure Gauthier (en distanciel), notamment son rapport à la voix, au son et à la performance.

Il m’est resté de mon séjour en Allemagne, une extrême sensibilité à la notion d’écart : j’écris entre les langues. Mes textes polyphoniques participent d’un lyrisme transsubjectif, un lyrisme qui dépasse les tensions entre poésie sans sujet et poésie incarnée. Par ailleurs, j’enregistre dans des contextes différents des transpoèmes (Éclectiques Cités) des poèmes transgenres (poétiques) qui peuvent migrer vers des radios ou des installations, ou encore dans des collaborations avec d’autres artistes contemporains, notamment dans le domaine du son.

Cette traversée du réel permet de maintenir un écart vigilant : un écart entre les voix comme celle de François Villon, des autres et de ses autres dans je neige (entre les mots de villon) ; ou encore entre perspectives personnelle et impersonnelle dans kaspar de pierre ; un écart où se jouent les rouages de la langue, jouant en même temps sur des formes poétiques codifiées, des vers dits libres, mais aussi la prose ; un écart entre les faits actés, les archives et les émotions pour maintenir des tensions nécessaires à la vigilance. La poésie est un film du hors-champ, parfois même un chant du hors-champ qui nous alerte sur l’ensevelissement généralisé, les menaces et les dangers éco-politiques qui pèsent sur l’individu.