22-01-2025
Conférence - Agnès Gayraud
Love is strange : à propos des chansons d'amour.
(Une conférence sur un livre en cours d'écriture)
"Je n’ai jamais écrit beaucoup de chansons d’amour, du moins jusqu’à un certain âge, je n’ai jamais aimé, dans la musique populaire, plus fort, avec plus d’enthousiasme et de passion voire d’obsession, les chansons d’amour plus que les autres. Longtemps, comme tous les esprits critiques qui se respectent, je me suis plutôt méfiée. Au fond, me disais-je, les chansons n’ont pas besoin d’être explicitement amoureuses pour véhiculer du sentiment, et j’en mettais bien sûr dans toutes celles que je faisais. Et le plaisir et le désir se manifestaient suffisamment dans le frisson suscité par les sonorités elles-mêmes, harmonies suggestives, râles, halètements, grondements immersifs, percussions sexuelles, tout cela, un morceau de Dr John, dénué de paroles sentimentales, pouvait parfaitement me le procurer. Je préférais la négativité de « This is Not A Love Song » (1983) de Public Image Limited ou les êtres fuyants peuplant le maquis psychédélique des chansons du groupe Love aux ballades tristes de Françoise Hardy ou de Roy Orbison. Mais voilà, aujourd'hui, et depuis quelques temps, je réfléchis aux les chansons d'amour. Et c'est plus fou que vous ne croyez."
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Agnès Gayraud est normalienne, agrégée et docteure en philosophie. Elle enseigne la théorie et les pratiques sonores à l’Ensba Lyon. Auteure de nombreux articles universitaires sur l’esthétique, la musique, la Théorie Critique — récemment paru : « It’s Gonna Rain! Premières éclaircies sur la boucle sonore », in Critique, spécial Sons. De la Musique aux arts sonores, éd. de Minuit, août-sept. 2024, elle est aussi occasionnellement rédactrice de critique musicale pour le journal Libération. En 2018, elle publie Dialectique de la pop (La Découverte), traduit en anglais chez Urbanomic en 2019 et en grec chez Fagotto books en 2024. Parallèlement, elle compose et se produit comme musicienne sous le nom de La Féline et dans le projet GRIVE. Artiste invitée à la Biennale d’Art Contemporain de Lyon en 2024, elle a présenté au MAC : 69 stratégies obliques pour faire des chansons d’amour, une installation en forme de studio d’enregistrement opérationnel où plusieurs artistes ont été invités à se produire.
Conférence le 22 janvier à 17h
Grand amphithéâtre
2e étage de l'Ensba