07-11-2012
Olivier Hadouchi
Cinémas de libération et troisième cinéma
Olivier Hadouchi, critique de cinéma et enseignant à l’Université de la Sorbonne Nouvelle, vient d’achever une thèse de doctorat intitulée «Le cinéma dans les luttes de libération : genèses, initiatives pratiques et inventions formelles autour de la Tricontinentale (1966-1975)». Il se propose pour cette conférence d’approcher à travers de nombreux extraits de films la notion de « Troisième cinéma », terme posé par les cinéastes argentins Fernando Solanas et Octavio Getino en 1969, dans leur manifeste « Vers un troisième cinéma ». Le terme est indissociable de l’émergence de la notion géopolitique de Tiers-Monde à partir des années 1950 (ce « Tiers-monde » qui, comme le Tiers-Etat lors de la Révolution française « refuse de n’être rien ») et de l’alliance politique des pays dits « non-alignés » face aux blocs de la Guerre Froide. Que recouvre ce « troisième cinéma », appelant à une révolution des consciences dans un processus de libération et d’émancipation politique, à une action qui serve la lutte contre la culture imposée par les dominants (colonies, dictatures, impérialistes) ? Quelles inventions de formes se sont nouées là, dans cette profusion hétérogène de productions réalisées en marge des circuits officiels, aux frontières de l’essai, du pamphlet, de la culture populaire, du militantisme ? Et que pouvons-nous, au présent, tirer comme enseignement de ce cinéma de « l’engagement » ?